Du baiser d’Othello aux monologues des films de Spike Lee, les interprètes de Cabaret Noir s’amusent à bricoler des reconstitutions de scènes emblématiques du théâtre, du cinéma et de la télévision, touchant au détour aux représentations manichéennes du racisme dans l’imaginaire populaire.
Dans ce cabaret aux numéros contrastés, les voix se dédoublent et se déclinent en français, en anglais, en créole. Une panoplie de références aux œuvres phares des cultures afrodescendantes d’Amérique du Nord – celles de Frantz Fanon, Toni Morrison, James Baldwin, Dany Laferrière, entre autres – compose le sous-texte de cette création.
Spectacle présenté à l’Agora de la danse
Remerciements
Carmen Jolin, Francine Bernier, Mani Soleymanlou et tous nos généreux.ses coproducteurs.trices et collaborateurs.trices. Timothy Rodrigues. Et merci aussi à toutes les lignées d’ancêtres, d’artistes, d’activistes auxquelles nous sommes allés puiser.
Mot de Mélanie Demers, chorégraphe et directrice artistique de la compagnie MAYDAY
« Cabaret Noir est à la fois une célébration autour du concept de la négritude et un espace pour ne pas se laisser encapsuler et essentialiser par la construction limitée de cette noircité, de cette sombritude.
Puisqu’il n’est pas possible d’échapper à notre corps, pourquoi ne pas honorer cette condition, cette identité, ce fardeau, cette beauté. Avec ce terrain de jeu qui nous est offert, à la fois champs de coton et arène de cirque, entre essai et cabaret, on se lance yeux fermés, poings levés.
Grand-messe, happening et plaidoyer, Cabaret Noir est un clin d’œil à la désinvolture de Cabaret neiges noires et à l’insouciance des bals nègres du Paris des années 30.
À une époque où l’on peut prétendre tout à la fois à la trajectoire de George Floyd et celle de Barack Obama, Cabaret Noir est un espace profane et sacré pour réclamer le droit de se dire, de se raconter, de s’inventer et ultimement, ne pas se laisser définir par une quelconque autorité. »
Mélanie Demers
En 2016, Mélanie Demers amorce un nouveau cycle avec Animal Triste et Icône Pop, deux pièces qu’elle présente des deux côtés de l’Atlantique. L’année suivante, elle est invitée à travailler avec la compagnie Skånes Dansteater, à Malmö (Suède) pour la création de Something About Wilderness. Toujours sur une lancée, elle amorce, en 2018, le projet chorégraphique international Danse Mutante. Prenant racine à Montréal et se déployant sur trois continents, l’œuvre réinvente le concept de cocréation avec les contributions de trois autres chorégraphes : Ann Liv Young (États-Unis), Kettly Noël (Mali) et Ann Van den Broek (Anvers/ Rotterdam). L’œuvre à quatre têtes se conclut sous forme de marathon, à l’Agora de la danse, en septembre 2019. Enfin, en 2020, la chorégraphe imagine Post Coïtum, une pièce sur la chute de notre civilisation, qu’elle abandonnera en raison de la pandémie. De ce deuil naîtra La Goddam Voie Lactée, inspirée de l’inachèvement, de l’inattendu et de l’imprévisible. La pièce pour cinq interprètes féminines, coproduite par le FTA et l’Agora de la danse, a vu le jour au FTA, en mai 2021. Grâce à cette oeuvre, l’artiste s’est vue remettre le Grand Prix de la danse de Montréal 2021, présenté par Québecor et la Ville de Montréal, à l’automne de l’année.